Comment renouer avec l’étreinte endormie de tes yeux?
Comment amener ta chevlure à l’étendue
des chaudes saisons ?
Je verserai des larmes
Sur les murs esseulés
Je communierai avec les plaines
de l’attente.
***
Chez toi mon amour
La brise passe toujours
Par la chevelure d’un acacia
Chez toi mon amour
L’horizon est toujours une promesse bleue
Et une prière étendue sur la haute flamme
Chez toi mon amour
Mon cœur – qui est une finitude —
Cherche toujours irruption et ruine.
***
La mort, c’est douter de l’ombre de la fleur
enfermer la brise au fond de sa maison.
La mort, c’est vivre le ledemain crépusculaire
se jeter dans l’abîme de ton regard moribond.
La mort, c’est un enfant qui vénère les cailloux.
La mort, c’est être l’Ami de la douleur
et se fondre dans tes yeux grisés d’opium
c’est lamentations des merles
au cimetière du vent.
La mort, c’est oublier ta chevelure
qui se verse dans le flot argenté du fleuve
c’est la solitude de ma main
La mort, c’est enterrer les oiseaux
Dans l’automne trouble de ton départ
Et rejoindtre la crainte des colombes
Au seuil d’une nuit périlleuse
La mort, c’est le déclin d’un cœur
qui crie ton front ensommeillé
La mort, cest le déclin d’un cœur
qui pleurait un jour
Arbre
Ténèbre
Ruisseau.
***
Comment renouer avec l’étreinte endormie de tes yeux ?
Comment amener ta chevlure à l’étendue
des chaudes saisons ?
Je verserai des larmes
Sur les murs esseulés
Je communierai avec les plaines incandescentes
de l’attente
***
Le soleil inonde les épaules argentées de la brume
Embrasse le vol des brises
Et pénètre la fenêtre endormie de la solitude.
***
Le vent offre la couleur empourpée aux arbres
Et mon cœur se tient en si peu de temps
Que la fenêtre se lamente sur son souffle moribond.
***
La douleur est une âme sans patrie
Une feuille tracassée dans le vent
La douleur, une flamme, un enfant.
Valérie Movallali
Toute fleur n’est que nuit Et feint de s’être rapprochée Mais d’où son parfum s’élève Je ne puis espérer entrer Tant me trouble et m’appelle Une porte fermée Toute couleur et toute vie Naît d’où le regard s’arrête Et le monde n’est Que la crête de l’invisible
***
Dans l’air de plus en plus clair Scintille encore cette larme Ou faible flamme de vitrail Et du sommeil du fleuve Une vapeur vermeille Demeure ainsi suspendue Sur le pendule de l’aube Entre la braise promise Et la perle perdue
***
Les larmes quelquefois Montent aux yeux Comme une source Elles sont de la brume Sur des lacs Un trouble du jour intérieur Une eau que la peine a salée.
***
Kamal Zerdouni
Dans ta chevelure où dansait la lumière ondule cette étrange nuit au mouvement silencieux froissement des hautes herbes de l’innocence et ce venin qui l’éteint Riposte une pluie d’écailles incendiaires sur les édifices S’élève des tas de gravats la fumée des sacrifices Israël ou Gaza l’horreur en partage L’Homme au cerveau reptilien pourchasse le Sage De quoi sera fait demain
***
Valérie Movallali
Etirement
Etirée jusqu’au ciel La plaine de lumière Ocre les sillons
Au coin du bosquet L’œil attentif La reine des prés Interminable Attend…
Eparpillement
Morsure du ciel d’argent Sur la colline grenade Hypnose de l’oiseau Sous les fusils d’automne
Les routes vagabondes Elargissent le destin Des piétons passagers Des boueuses vasières
Et puis cet orphelin Au corps fragile et maigre Qui implore la nuit Pour qu’elle puisse le cacher
Et puis ce misérable Au squelette trop grand Qui pactise avec elle La vile moribonde
Les étoiles blessées Saignent le solitaire
Matinale
Des sillons rouges et jaunes Des chemins ocres et bruns Des coulées de lumière Des jets d’azur sur le labour
La levée
Une couleuvre d’argent au fond de la vallée Tu descends les versants de la colline sacrée Tu emplis tes narines de la fraîcheur de l’herbe Tu gonfles ton regard d’une parure divine
Au loin après le fleuve les verts s’évaporent Ils rejoignent les bleus dilués de lumière Et dans la limite du ciel et de la terre Il y a cet instant des tons fondus
Tu noies tes yeux dans ce lavis de couleurs Tu voies les desseins des esprits de l’aube Tu penses à ce pétale de rose Qui révèle le jour au matin endormi
Dépérissement
Les coteaux s’orangèrent Le silence se brisa Sur la crête rouge Brindille au vent On t’appela
L’univers devint gris Nous respirions la cendre Plus de colline Plus de crête Plus de coteaux
On raconta les pierres On creva les prières Lentement Dans la terreur de la terre On psalmodia l’enfer
Descente
Tu te déroules sur le sol Et tes mains dérobent la terre Tu t’étends dans la rivière Et tu manges les nuages Tu te brises dans la pierre Et tu roules la poussière
sans titre
Etrange chiffonnade Que ces verts dans le ciel Bientôt l’automne Accroche nos bijoux
sans titre
Nous partons encore sur les collines de feu Nous mangeons les miettes rouges du soleil Nous jouons au vent qui vole Nous piquons nos doigts de nos châtaignes Nous confions nos vœux au torrent somnolent Et quand nos têtes sont pleines des ailes des abeilles Nous franchissons les bois vers les forêts de miel
Pourtant dans ces instants de sublime mémoire Restent les doutes graves des jours qui se couchent Il arriva un soir près des furies du ciel Galopa sur le dos des plaines terre de sienne Attrapa et tua l’innocence de l’enfance Tordit la colline d’une large grimace Et laissa derrière lui la douleur des souhaits
II disparut alors ivre et ravi de rage
sans titre
Au galop des plateaux Entre l’orge et les blés En courbe du soleil Volent les hirondelles Les fils bleus des ailes Hèlent le ciel Griffonnent des ritournelles
sans titre
Au-delà des verts attendris Des bassins débordés du nuage Dans la lumière jaune de la pierre Dressée en sa demeure fidèle Fière grave et calibrée La tour déplie le ciel
Entre les jardins d’eau Dans les allées des simples Serties des bois de charmes Labyrinthe des tendres Ont laissé les amants Des messages secrets En boucle sur leurs tiges
Vous étiez là jadis En promenade seule Et vous avez conté Au saule millénaire L’assaut de l’outremer Sur le lac encore clair
Vous avez pu pleurer Les enfants délaissés Aux larmes du soleil Forcément oubliée Vous vous êtes brûlée
sans titre
Les chemins sinuaient tes pas La mémoire m’a parlé Sur mes yeux tes pas sont allés Ton visage a existé Sur mes pieds la terre s’est regardée Ton absence a raconté
sans titre
Elle se souvint Fluide et fuyante Tout en frous-frous filant Fille de feu Fantôme fou
sans titre
Fol espoir de velours rouge Danse mouvant manteau d’amour Chante la grenade du soir Sur le coucher du ciel flambé
sans titre
La terre avait pleuré son absence Les prés même s’étaient soudain figés Pas une ride d’air sur les arbres retirés Pas un soupir sur les sentiers
Elle avait disparu en un quartier de lune Elle avait emporté la vie des éphémères Elle avait rassemblé ce qu’il restait d’amour Et vers la mort avait glissé
sans titre
Lorsque l’eau murmure ton nom Des gouttes perlent dans ta mémoire Lorsque l’eau pleure ton nom Des flaques percent le souvenir Tu marchais sur les miroirs troués des trottoirs Tu buvais les pluies des villes Tu berçais la rancune des orages Puis tu dansais pour le nuage
Lorsque l’eau ne murmura plus ton nom Tu disparus de la mémoire
sans titre
Le vent vient de passer Qu’aurait-elle fait? Dites-moi
Aurait-elle dansé? Aurait-elle chanté?
Vous m’auriez raconté Ses passages dans les prés Ses courses dans les vallées Ses silences dans les cimes
Vous vous seriez couché Face contre terre Corps choqué de tempêtes Grave Vous vous seriez couché
sans titre
Les araignées voleuses Emportent les songes Des dormeurs imprudents
sans titre
Une cape rouge Sur la montagne verte Un choc d’abricot Dans le ciel indigo Le monde est en éveil
Un écho de sabots En bas dans la vallée La rivière d’agate De saphirs et de gloire Véloce Et toute en grâce Frappe La paroi d’onyx De la montagne vieille
Tes yeux d’enfant malade Accueillent la lumière Des éternelles neiges Et des jeunes glaciers Lentement ton regard Passe du blanc au bleu Du désert à la dune Il jaunit ton visage
Tant de chagrin
Pulsation de la nuit Au creux de l’œil vide Viendra la modeste poussière
sans titre
C’est un mot courbé dans le ciel C’est le dessin d’un nuage c’est le bref cillement du vent Ecoute contemple et vois Tu ramasseras la pierre du nuage L’écharpe du ciel tombée Le souffle alerte du vent
sans titre
Sinueuse et bleue Dans le retrait du monde Non loin des secrets divins La mer ravit l’âme des marins
sans titre
Les enfants la regardent encore. Elle a mis ses grands yeux clairs, ceux des
matins Du ciel, ils savent qu’elle va partir dès l’instant où il fera signe. Alors ils Prennent Des morceaux de lumière qu’ils serrent dans leurs doigts, ils se tournent vers la Terre.
Elle est partie.
sans titre
Je m’espère bien brisée Je m’espère murée Je me souhaite tue pour toujours Je me souhaite ennuitée de jour
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Triste fou voyant des prés Tu erres en vastes étreintes stellaires Fondu dans l’absence des nuages Hilarant le disque brutal dua
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Les hirondelles ont bleui
Il ne reste que la nuit.
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Capture l’inoubliable rire du ruisseau Dans le déferlement du monde. Pleure.
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La maison du bout du monde La maison du bout du pont Dans la maison elle est là Elle est droite à sa fenêtre Elle fabrique les heures Elle invente les dialogues sourds Elle imite les rires ou les cris Elle murmure les plaintes muettes La maison du bout du monde La maison du bout du pont
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Mille ans déjà qu’elle marche sur les heures Qu’elle tend le voile de la mémoire Qu’elle tisse le mystère de se taire Mille ans déjà Ô vaine usure du velours Ô blessure des mains calleuses Ô profonde lassitude Capture les ruelles de l’âge Sur les sillons de son visage Tue le murmure de son âme
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Musicien de l’aube Le souffle des matins Retient
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Coiffée d’or ou de turquoise Majestueuse et ronde Elle garde les secrets Elle chante les prières Mémoire des infidèles
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Hirondelles de mots Levées sur un nuage Devoir de vivre Extrême espoir
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Sur l’eau ton visage se ride et s’étire Alors rageusement la mer l’élide
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Tes yeux moururent à l’instant où ils virent Ce fut comme la mer égarée sur le sable En vain tu fouillas le souvenir En vain tu déchiras la nuit
sans titre
Quand l’impossible brouillard se tord sur la montagne Les terreurs du sol résonnent dans tes pas Retiens la vie Quand la grimace du jour étrangle le nuage Le berger des cimes rappelle ses brebis Retiens la vie Quand le ciel s’effondre sur la roche écarlate La foudre file sa furie Retiens la vie
Les hurlements des loups Devenus doux présage
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Salves violentes sur l’horizon criblé d’étoiles Grondement sourd des ondes labourées Obscures déjections des orages d’été L’étreinte de la terre emprunte à ton sommeil Le risque sidéral des moiteurs soufflées
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Un crépitement de l’aube Et la nuit de métal Cherche, là-bas, cherche Le bruissement du mot
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Etoffe mutilée du soir Et ruban de lune pâle Tes pas aveuglent ta mémoire
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Son regard transparent Clôt l’espoir du jour Absorbe l’éphémère Pour un instant se perdre
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Brisure du souvenir Ecarquillé d’oubli Sur la mémoire Un reste de larme
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Dans toutes les saisons on la retrouvait vide
Quand elle risquait un mot ce n’était que l’écho
Longtemps tu l’as portée
Longtemps tu l’as serrée Tu pris l’absence du vase
A l’éternel le fouet des solitudes Un jour tu as pensé